Quelques mois avant la sortie de Castlevania Anniversary Collection, dont nous vous parlions dans la première partie du présent dossier, Konami gratifiait les joueurs (PS4) d’une première anthologie rassemblant deux titres très populaires de la série sous le nom de Castlevania Requiem.
Poursuivons notre périple à travers la Transylvanie, aux origines d’un genre très en vogue : le Metroidvania.
Castlevania Requiem – exclu PS4
Cette anthologie mise plus sur la qualité que sur la quantité, et nous propose 2 titres indissociables : Rondo of Blood et Symphony of the Night.
Rondo of Blood est sorti à l’origine en 1993 sur la NEC PC-Engine, une console tristement méconnue, et n’a jamais été distribué officiellement en dehors du Japon.
Il place le joueur dans la peau de Richter Belmont, qui, comme ses ancêtres avant lui à le pouvoir de s’opposer aux forces des ténèbres, armé de son fouet « Vampire Killer ».
La quête de Richter débute en 1792, alors que le comte Dracula, revient à la vie grâce à une messe noire orchestrée par le sorcier Shaft. Le prince des ténèbres va alors enlever 4 jeunes filles, parmi lesquelles Annette, la fiancé de notre héros.
Richter fera donc tout pour délivrer sa dulcinée des forces du mal et en profitera même, si le joueur parvient à trouver les geôles secrètes où elle sont, pour libérer les 3 autres demoiselles.
La première prisonnière délivrée par Richter est la toute jeune Maria, une lointaine parente du clan Belmont. Sa captivité à éveillé ses pouvoirs de chasseuse de vampire et elle se joindra à la quête de son cousin, devenant ainsi un second personnage jouable!
Avec ses deux protagonistes, le jeu nous offre donc deux styles de gameplay différents.
Richter est fidèle à la tradition de la saga, avec un contrôle un peu rigide. Il peut même sembler au joueur qu’un retour en arrière a été opéré, en le privant de la capacité de son ancêtre Simon, dans Super Castlevania IV, de faire tournoyer son fouet dans toutes les directions. Ce manque est toutefois compensé par l’apparition d’un nouveau mouvement : un salto arrière qui sera fort utile pour esquiver certaines attaques.
Maria, du haut de ses douze ans, est une redoutable chasseuse. Elle manie en effet la magie, représentée par l’invocation de petits animaux : oiseaux, chats, tortues ou dragons, qui feront office de projectiles et lui permettront d’attaquer à distance. Elle est également très agile et peut effectuer un double saut qui rendra les phases de plateformes beaucoup plus confortables.
Autre ajout de cet épisode : l’item crush. En sacrifiant un grand nombre de cœurs (les munitions du jeu depuis le premier épisode, à ne pas confondre avec la santé), le joueur peut transformer son arme secondaire en une super attaque dévastatrice. L’eau bénite de Richter deviendra ainsi une pluie divine touchant tous les adversaires, sa hache un cercle destructeur, et les animaux de Maria se transformeront en les quatre animaux totem de l’Orient : le phénix Suzaku, le tigre Byakko, la tortue-serpent Genbu et le dragon Seiryu, tous dotés de capacités offensives incroyables.
Nos chasseurs de vampires devront explorer des environnements variés et truffés de secrets en tout genre. Outre les 4 jeunes filles à délivrer, le joueur pourra, dans la plupart des niveaux, débloquer une sortie secrète, gardée par un boss différent, et qui donnera accès à un autre niveau.
Ainsi, s’il est possible d’accéder au combat final après seulement 8 niveaux (plus le prologue), le joueur pourra en explorer un total de 12 s’il trouve les chemins de traverse adéquats.
Tout niveau terminé sera sauvegardé (une première dans la série) et accessible à volonté dans le tableau de sélection des niveaux. Le joueur pourra ainsi explorer à loisir les différents environnements, jusqu’à en découvrir les moindres secrets.
C’est donc une aventure très riche que nous propose cet épisode, et le choix du personnage la rend accessible aussi bien aux fans de la première heure, qui joueront Richter, qu’aux joueurs moins expérimentés, qui lui préféreront Maria.
D’un point de vue technique, le jeu exploite à merveille les capacités de la PC Engine. Les graphismes sont fins et de nombreux sprites seront d’ailleurs repris tels quels dans Symphony of the Night 4 ans plus tard! Les musiques sont également très réussies et restent dans le cœur de nombreux fans, parmi les meilleures compositions de la série.
Quelques scènes animées viennent agrémenter la narration (par exemple quand on délivre une jeune fille) et introduisent même des voix digitalisées, phénomène assez rare à l’époque. Ces scènes ont hélas assez mal vieilli d’un point de vue visuel, mais on appréciera tout de même le travail des comédiens de doublage qui en font des caisses.
En bref, ce jeu est une perle de son époque. Un remake a été tenté sur la Super Nintendo, mais les limitations de la machine ont poussé les développeurs à sortir un jeu complètement différent : Castlevania Vampire’s Kiss, qui ne rencontra qu’un succès mitigé (et est paradoxalement devenu un Graal des collectionneurs, vendu autours de 200€, soit aussi cher que Rondo of Blood).
L’essor d’IGA
Rondo of Blood est donc une référence de la série, en permettant une plus grande liberté d’exploration au joueur et en lui offrant la possibilité d’incarner deux personnages aux capacités différentes.
C’est aussi le premier jeu de la série à créditer IGA, en l’occurrence dans ses remerciements spéciaux.
IGA, de son vrai nom IGARASHI Koji, est un programmeur qui a travaillé sur quelques titres de Konami et se verra bientôt offrir le poste d’assistant réalisateur sur le prochain jeu de la franchise Castlevania : Symphony of the Night.
IGA reprendra certaines formules qui ont fait le succès de la licence, tout en y apportant sa patte personnelle. Le jeu qui naitra sera transfiguré et IGA deviendra rapidement Monsieur Castlevania.
Symphony of the Night est la suite directe de Rondo of Blood (notez les références à la musique, qui continueront dans les épisodes suivants, avec « Harmony of Dissonance », « Aria of Sorrow », etc…), sortie en 1997 sur playstation.
Le jeu commence avec le combat final de Richter et Maria contre Dracula.
Peu après la victoire des forces du bien, le tueur de vampire disparaît et sa cousine part à sa recherche. Après des années d’errance, Maria parvient aux portes d’un château qui ressemble étrangement à celui de Dracula. Au même moment, Alucard, fils de Dracula, qui a déjà par le passé prêté main forte à Trevor Belmont et Sypha Belnades, s’éveille de son sommeil centenaire.
Et c’est ce dernier que contrôlera le joueur (du moins pour sa première partie : Richter et Maria sont déblocables une fois le jeu terminé… à 200%!).
La nature semi-vampirique d’Alucard (il est en réalité un dhampir, fruit de l’union entre un vampire et une humaine), lui confère des capacités largement supérieures aux personnages que l’on a l’habitude de contrôler dans un jeu de la série. Le gameplay s’en retrouvera bien entendu changé.
Au début de la partie, Alucard est relativement puissant, car il porte son épée, bouclier et armure personnels, mais bien vite, La Mort, le plus puissant des généraux de son père, se dresse sur son chemin et lui vole le précieux équipement. Le joueur devra donc trouver de nouvelles armes et armures pour faire face aux menaces qui hantent le château.
Il peut également recourir à la magie. L’arsenal de sort est virtuellement déblocable dès le début du jeu : si le joueur connait la manipulation à effectuer (par exemple : un quart de cercle du bas vers l’avant avec la croix directionnelle et bouton d’attaque), le sortilège sera acquis. S’il ne la connait pas, il pourra acheter des parchemins les lui révélant dans l’unique magasin du jeu. Certains toutefois demanderont un important nombre de points de magie et Alucard devra attendre d’avoir le niveau adéquat pour les lancer.
Car en effet, un ajout majeur de ce Castlevania, c’est l’expérience que le personnage acquiert au fil de ses combats et qui lui permet de gagner des niveaux pour devenir plus fort. Toutefois, plus son niveau sera élevé, et moins les ennemis donneront de points, il faudra donc toujours aller vers des ennemis plus forts. Ce système n’est pas sans rappeler celui de Castlevania 2 Simon’s Curse, sur NES, le seul autre jeu de la franchise à avoir utilisé l’expérience avant SOTN.
Outre ses aptitudes de combat, Alucard développera toutes sortes de capacités qui lui permettront de progresser dans l’aventure. Par exemple, un double saut lui permettra de franchir des obstacles auparavant insurmontables, ou ses divers transformations lui donneront accès à de nouveaux lieux etc…
Face à cette débauche de capacité, le château résistera en nous imposant une exploration non-linéaire. En effet, l’antre de Dracula est un réseau de zones interconnectées et le joueur devra découvrir une carte inspirée de Metroid au fur et à mesure de sa progression en usant des capacités adéquates. Le principe du Metroidvania est né!
Et c’est un succès! Tout fonctionne à merveille : la cohérence de l’ensemble, avec pourtant des environnements variés comme le hall du château, la bibliothèque, de grottes inondées, une chapelle, une crypte…
Le bestiaire conséquent qui hante ces lieux, et les objets précieux qu’il détient, le gain d’expérience, l’acquisition de nouvelles capacités et le sentiment exaltant que cela procure de pouvoir enfin surmonter un obstacle qu’on avait rencontré plus tôt dans l’aventure! Tout est fun et très prenant, et le challenge, s’il n’est jamais insurmontable, est toujours intéressant.
Le gameplay est customizable à souhait : la grande richesse des équipements, dont certains renferment des pouvoirs cachés, ainsi que des sorts et des familiers, permet à chaque joueur de créer un style qui lui convienne. On pourra par exemple foncer tête baisser en bourinant sa Crissaegrim, une arme à la rapidité redoutable, ou bien utiliser le bâton bouclier pour invoquer de puissants démons ; les explorateurs compteront sur le diablotin pour dénicher les secrets, les prudents se laisseront soigner par la fée…
Le jeu a une durée de vie conséquente, avec de nombreux secrets à découvrir, ainsi qu’une bonne rejouabilité, puisqu’il est possible de recommencer avec Richter ou Maria pour vivre une aventure différente.
Par ailleurs,l’action est entrecoupée de dialogues, entièrement doublés en anglais, qui apportent une dimension narrative assez rare dans un jeu d’action plateforme. Le jeu des acteurs est, là encore, complètement over the top, bien que le nouveau doublage qui nous est ici proposé face l’impasse sur quelques répliques cultes (« What is a man? A miserable little pile of secrets! », les vrais savent…).
Le scénario réserve même, au milieu de l’aventure, une surprise de taille au joueur qui aura su percer tous les mystères du château de Dracula.
Au niveau de la réalisation, ce Castlevania avait pris le pari risqué pour l’époque de proposer un jeu en 2D, quand toutes les productions concurrente étaient passé à de la 3D. Il va même jusqu’à réutiliser les sprites vieux de 4 ans de Rondo of Blood. Et pourtant ça marche : le jeu est magnifique et tient sans problème la comparaison avec des titres pixel art modernes.
Sa musique est également excellente et son design sonore très efficace.
En bref, Castlevania Symphony of the Night est un chef d’oeuvre, qui, non content de reprendre à son compte les qualités de son prédécesseur pour les magnifier, dépoussière carrément tout le genre action-plateforme et laisse une empreinte indelébile dans l’Histoire du jeu vidéo!
Une collection qui fait le minimum
Si cette collection réunit deux excellent titres de la série, l’emballage est des plus faméliques. L’émulation est certes de bonne qualité, et on pourra à loisir choisir des options d’affichage comme la taille de l’écran, l’application de « scanlines » pour simuler un écran cathodique, ou diverses illustrations en contour, il sera aussi possible de sélectionner la langue audio : japonais ou anglais.
En revanche, inutile de chercher le contenu habituel de ce genre de collections : pas de galeries d’images ou autres soundtracks : il n’y a aucun bonus. Ce n’est pas le plus important, mais c’est quand même dommage.
Test réalisé sur une PS4 classique
Par Matriper